Octobre 2018, Montréal, ligne Orange direction Henri-Bourassa.

Fais avec ce que tu as, commence avec ce que tu as et donne ce que tu as.

Octobre 2018, Montréal, ligne Orange direction Henri-Bourassa.

Il est 18h lorsque j’entre dans le métro à la station Berri-Uqam. Quatre stations passées, cet homme monte gaillardement dans la rame suivant la mienne. Il s’avance doucement et s’assoit là, par terre, en face de moi. Habillé de vêtements et chaussures usés, il laisse penser que la vie n’est actuellement pas en sa faveur. Clairement, c’est un itinérant et il n’est malheureusement pas le bienvenu. Je le lis sur les visages de plusieurs quand bien même ces derniers essaient inlassablement de cacher leur gêne. 

Je peux lire ce qui est écrit sur votre t-shirt ? lance t-il en me regardant. Me dégageant de mes sacs de courses (je venais de finir de magasiner*) et de mes manteaux et gilets encombrants, je mets mon t-shirt en évidence afin de lui faciliter la lecture : Follow your karma.

Lui : J’aime bien ce t-shirt. Vous venez d’où? 

Moi : Je viens de Paris, en France.

Lui : Ça fait combien de temps que vous êtes à Montréal ?

Moi : Tout juste deux mois.

Lui : ohh mais c’est récent! Mais vous venez d’ou ? (en se touchant la peau comme pour me faire comprendre qu’il parle de mon origine).

Moi : oh oui, je viens du Cameroun.

Lui : Ah d’accord. Et vous y avez déjà été ?

Moi : Oui oui j’y ai grandi..

Je ne vous relaterai pas toute la conversation mais, durant ces échanges, il faut avouer que les visages paraissaient surpris de voir que nous conversions comme si nous n’étions pas deux humains. Lorsque je suis arrivée à destination, je vis qu’il se leva avant moi pour sortir du métro et me dit ceci : Bon, vos sacs ne sont pas lourds, sinon je vous les aurai portés bien volontiers pour vous aiderÇa vous paraîtra étrange, mais cette phrase m’a touchée car j’ai vu la condition de cet homme et j’ai pris conscience que bien qu’il avait des souliers* déchirés, des vêtements vétustes, et une condition précaire, il me proposait juste ce qu’il avait : sa force physique. Il aurait pu ne pas faire cas de mon état, la sienne étant déjà critique.

Et l’interpellation du Saint-Esprit devant cette situation reposa sur : fais avec ce que tu as, commence avec ce que tu as et donne ce que tu as.

Sauf que, nous jugeons très souvent  »pas assez »ce que nous avons et passons notre temps à attendre qu’il s’accroisse miraculeusement. Ne vous est-il pas déjà arrivé de vous dire : Quand j’aurai un peu plus, je pourrai donner ou je pourrai aider ? Quand j’aurai plus, je pourrai commencer à faire ci ou ça ? On se dit que lorsque 1000 euros en sus (j’extrapole bien-entendu) tomberont sur notre compte, on pourra ENFIN acheter ce bout de pain à ce nécessiteux. Et pourtant, avec le peu que nous possédons déjà, nous sommes capables de changer bien des choses. Juste avec sa force, cet itinérant aurait touché une âme qui se serait dit qui est cet homme qui est dépossédé de ses biens mais qui me propose son aide ? Cela me fait penser à l’apôtre Pierre qui n’a pas attendu d’avoir plus pour aider ce boiteux faisant l’aumône. Il avait juste conscience que même s’il manquait d’or et d’argent, la seule chose qu’il possédait pouvait agir favorablement d’une quelconque manière pour cet homme. Cela me fait également penser à cette parabole des talents, selon laquelle, ce que chaque personne a reçu comme talent s’est fructifié seulement lorsqu’ils se sont mis en action et les ont fait valoir. Pour finir, l’histoire de la veuve de Sarepta dans le 1er livre des Rois est très parlante. Elle n’avait que peu de riz, pour son fils et elle mais, a fait le choix de le donner à un homme en mission qui avait faim. La conséquence : Pendant longtemps, elle eut de quoi manger, elle et sa famille. La récompense de Dieu peut s’avérer si grande lorsque nous décidons de faire, d’offrir, d’aider avec le peu qu’on détient. 

J’ai longtemps agi comme cela, en attendant d’avoir plus, jusqu’à ce que je me suis rendue compte que je procrastinais toujours ce que je (plus ou moins) souhaitais faire, ou donner. Now, c’est le temps pour moi d’adopter une autre manière de penser. Chaque don, talent, ressource, capacité, nous a été donné pour qu’il puisse bénir les autres. Ne les enterrons pas en attendant le fameux  »plus ».

 

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Raïssa

Raïssa

Passionnée de Jésus, médias, écriture et lecture.

1 comment

  1. Merci pour cet bel article. Je suis d’accord, on a tendance a ne rien faire sous prétexte qu’on a pas assez et pourtant on a ce dont on a besoin. Vraiment, un « wake-up call » comme on dit!

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