Un uber, une rencontre, et des échanges.

Chaque continent et chaque pays est défini par les informations relayées par et dans les médias de ce siècle.

En France, je n’empruntais Uber que dans un cas extrême. Les transports étant coûteux, je n’étais pas tentée par doubler les charges. Cependant, depuis mon arrivée à Montréal, il faut dire que je l’emprunte un peu plus, pour ne pas dire un peu trop. A vrai dire, les distances ne sont pas très longues et la tarification moins élevée.

En utilisant ce moyen de transport, j’ai fait plusieurs rencontres qui ont toujours été enrichissantes. Plus récemment, le week-end dernier, je suis montée dans une voiture dont le conducteur me paraissait étrange au premier abord. 

Je lui posai la question de savoir s’il avait pu retrouver mon adresse facilement et je fus surprise de voir qu’il avait des difficultés de locution. Je compris tout de suite qu’il ne parlait pas français. Alors, dans un élan de quasi-indifférence, je remis mes écouteurs. Mais, je fus tout de suite intriguée par le fait qu’il continuait à parler et semblait redire la même chose. Je décidai de lui prêter plus d’attention en commençant par lui demander en anglais, s’il parle anglais. Il me répondit par l’affirmative en ajustant qu’il se débrouille mais souhaiterait améliorer son français. 

Moi : Oh ok. D’où venez-vous ?

Lui : Afghanistan.

Je suis humaine et je vais être honnête avec vous. En l’espace de quelques secondes, j’ai frissonné de crainte. La bible nous indique que la foi en Jésus vient de ce qu’on entend de sa parole (Romains 10.17) et je peux affirmer que lorsque votre esprit est également nourri par les médias, vous pouvez craindre pour rien et n’importe quoi. Voyez-vous, chaque continent et chaque pays est défini par les informations relayées par et dans les médias de ce siècle. L’Afrique, continent de la souffrance, la France, pays des attentats, Les Etats-unis, pays des balles perdues, Canada, eldorado provisoire, Afghanistan, Irak, Iran, pays de guerres, habitants dangereux…et je vous laisse terminer la liste. Le but de l’ennemi au travers de ça, est de semer la division et la méfiance entre humains car l’unité et l’amour lui sont en horreur.

Je me suis donc vite reprise et me suis rappelée que tous les afghans ne marchent pas avec une bombe dans leur sac comme on veut bien nous le faire croire. 

Moi : Pourquoi êtes-vous venu au Canada ?

Lui : Pour fuir la guerre. Il y a vraiment trop de guerres, de bombardements, on souffre beaucoup là bas. Je fais parti d’une ethnie, ceux qui ont les yeux bridés comme les chinois (les Hazaras), et là-bas, nous sommes persécutés et bien souvent égorgés. 

Moi : Et ça fait combien de temps que vous êtes ici ?

Lui : Ça fait 4 ans. J’avais eu le visa pour les Etats-unis et quand j’ai réussi à passer la frontière du Canada, j’ai préféré rester ici. J’ai demandé à être réfugié et maintenant je suis résident permanent. J’espère devenir citoyen bientôt. 

Moi : vous avez de la famille ici ? Vous allez passer Noël oel avec eux ?

Lui : Non je n’ai personne ici. Je suis venu seul. Ma femme et mes enfants sont toujours en Afghanistan. Là je fais tout pour qu’ils viennent car ce n’est pas facile. Je travaille Uber depuis 9 mois et c’est dur. C’est dur de conduire toute la journée. Je connais des afghans ici et c’est avec eux que je reste souvent.

Les enfants de ce monsieur ne fréquentent aucun établissement scolaire car elle a été détruite si je l’ai bien compris. Ils essaient d’effectuer de petits boulots; cependant, les conditions géopolitiques ne leur permettent aucune stabilité financière.

Pendant qu’il parlait, il laissait entrevoir beaucoup de tristesse. Je n’avais pas besoin d’être devin pour discerner qu’il souffrait de solitude. C’était davantage plus difficile pour lui à cause des barrières linguistiques : deux langues totalement inconnues à apprendre sur le tas. 

La conversation fut longue mais elle m’a ENCORE UNE FOIS DE PLUS fait relativiser. Il y a des personnes dans ce monde qui souffrent et vivent quotidiennement dans la peur de mourir sous les balles de milices, des couteaux d’ethnies aigries, ou encore dans la crainte de ne pouvoir se nourrir au jour le jour. De ce fait, je prends vraiment du temps pour remercier Dieu davantage pour ces 7 points dans ma vie.    Même s’il est vrai qu’il y a toujours pire que nous, il est primordial de cultiver la reconnaissance dans notre style de vie.  Colossiens 3:15 nous le dit Et soyez reconnaissants. 1 Thessaloniciens 5:18 Remerciez Dieu en toute circonstance : telle est pour vous la volonté que Dieu a exprimée en Jésus-Christ. Je veux demeurer dans cette attitude de reconnaissance même si je n’ai pas tout ce que je veux, car en réalité, je possède l’essentiel pour une vie épanouie.

Après ces échanges qui furent percutants et surtout enrichissants culturellement et humainement, j’ai fait des recherches sur ce fameux groupe rejeté en Aghanistan : les Hazaras. Selon l’histoire générale, ils descendent des mongols et ont été longtemps des esclaves. Deux jours plus tard, je suis tombée sur ce livre que je lis attentivement lors de mes trajets matinaux. Il relate des faits réels, de survivants de la guerre en Aghanistan, El Salvador, Rwanda, Inde etc.. et apprend davantage autant sur la géographie que sur l’histoire de l’humanité : Survivors : Family Histories of surviving war, colonialism and genocide. 

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Raïssa

Raïssa

Passionnée de Jésus, médias, écriture et lecture.

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